SCALABILITÉ est une série de neuf musiques-vidéo (allant de F101 à F909) ayant pour thème l’odyssée spatiale. Chaque épisode explore un composant fractal 3D généré à partir du logiciel Mandelbulb 3D et appréhendé comme un territoire utopique, une planète imaginaire propice à penser des réalités alternatives à partir de la « sonic fiction » et de la spéculation narrative.
Chaque vidéo raconte un fragment d’une fiction que j’écris au fur et à mesure des épisodes produits. La forme écrite est très souple, voir fragmentée. Elle s’apparente à un journal de bord, un carnet de voyage. Elle parle d’une équipe de chercheurs qui partent explorer les mondes scalaires, un endroit de l’espace-temps où la matière se comporte de façon étrange. Au bord de leur vaisseau, le Sidereus Nuncius, Al, Ad et Wz vivent des expériences extraordinaires.
Scalabilité F101 / F202 / F303 (Screenshot vidéo )
Extrait de la nouvelle :
(…)Dans la salle de contrôle, installés près de l’interface de navigation, des disques matériels de type Pigment forment un ensemble d’archipels colorés. Ils sont en mouvement et dictent l’excursion. La puce intégrée dans chaque dispositif actionne une musique entêtante. Al et Wz fredonnaient depuis des heures cette rengaine tout en travaillant sur les tâches journalières que demandait le vaisseau et sa navigation.
Ad depuis le début de la mission était dans un état d’hyper vigilance. Elle travaillait sans relâche à maintenir le dispositif du pigment en mouvement. Elle veillait à ce qu’il ne s’arrête. Depuis le bug du F404 qui avait failli coûter la vie aux membres de l’équipage, l’interface de contrôle avait dû être renforcée par un dispositif expérimental de commande causale élaborée par AD elle-même.
Le renforcement causal entraînait le système Pigment dit intelligent à ce qu’il rentre dans ces cycles d’apprentissage et d’écoute autonome en fonction des inputs vaisseau. Le système générait des champs de fréquences causales et permettait de saisir les intra-actions avec toutes formes d’entités que croisait le vaisseau céleste.
Les disques étaient maintenus en lecture active. Ils décodaient les motifs graphiques inscrits sur leur surface grâce à la puce intelligente couplée à des senseurs répartis aux abords externes du tégument céleste. Chaque motif matériel était unique, codé dans de précieuses matières réactives, dynamiques et métastables. Les éléments rappelaient des motifs d’enluminures, des graphes, voire des patterns tribaux. Ces disques rappelaient la collection d’œuvres d’art du carrefour de la galaxie du fuseau. À partir du décodage des matériaux graphiques des disques, des variations sonores devenaient audibles. Ces impulsions mélodiques, rythmiques à caractère électriques et numériques, formaient le champ magnétique exosonique du vaisseau.
Cette technologie de niveau 3 arrivait dans son stade de maturité. L’équipe à bord du « Sidereus Nuncius » était la première à expérimenter un voyage intersidéral intégrant cette technologie.
Dans un même temps, les disques matériels réceptionnaient et transmettaient des informations de type classe AAA, des informations hautement essentielles pour la tenue de la navigation. Cette action permettait de maintenir une activité d’écoute sensible avec l’environnement technique du vaisseau, mais aussi de transmettre et de recevoir des données depuis la base des laboratoires FCOM.(…)
Extrait vidéo de la performance ciné-concert @Somme Toute, Clermont-Ferrand, France